LA CASSURE DES NUAGES

Bien que brève et utilisant un petit effectif, cette pièce présente une coagulation de procédés précédemment utilisés dans « Trames », « Transmutations » ou « Cantate ».

L'aspect formel procède, outre de l'articulation (et de la désarticulation) du texte, de l'utilisation de tempi principaux, et d'un ou plusieurs tempi secondaires, simultanés ou successifs, ceci afin de démultiplier la pulsation de la voix, qui n'est pas « accompagnée » par les clarinettes, mais « instantanément développée » comme une image mobile que projetterait un objet réel.
J'ai utilisé ici, comme souvent, la modulation métrique différée d'une manière plus complexe puisque les vitesses s'engendrent l'une l'autre avant de prendre fin ; d'où la superposition des tempi.
Il s'agit pour l'instrumentiste d'appréhender chaque nouvelle pulsation, davantage comme une nouvelle directive donnée au phrasé que d'un exercice d'arithmétique; néanmoins les tempi ne sont pas approximatifs puiqu'ils découlent tous de la pulsation de départ.
Les percussions jouées en principe par la chanteuse servent à donner ces pulsations secondaires, introduites parfois pour de courtes durées.
La densité du jeu, la tension maximale requise dépendra de cette attention, de cet effort particulier du jeu instrumental ; il s'agit ici de « nourrir » un court texte qui décrit une scène de rue « banale », mais dont l'intensité provient d'un regard poétiquement et « cinématographiquement » proposé.

D. Cohen