Biographie 1

Denis Cohen commence ses études au Conservatoire National Supérieur de Paris dans les classes de piano, d 'Harmonie, de contrepoint, d' analyse, d'accompagnement au piano et de composition. Il en sort avec 4 prix puis obtient une médaille d'argent au Concours International de Piano de Finale -Ligure (Italie). En 1982, il devient pensionnaire à la villa medicis à Rome et reçoit deux prix Sacem. Il enseigne l’orchestration au CNSM de Paris.

On a souvent classé Denis Cohen dans la « famille »sérielle ; il récuse cependant le clivage sériel/spectral que l'on présente souvent comme réalité de la musique contemporaine en France (dans son article « Ulysse et les sirènes»). Dans ses premières oeuvres Fusion, (79), Hamilton multiphonic quintett (80), Multisources pour orchestre (80), Trames pour trio et bande (80), Denis Cohen revendique en effet l'influence de Stockhausen avec lequel il n'a par ailleurs jamais travaillé.
En 1980, il dirige l'Ensemble Intercontemporain, dont il devient le chef-assistant l'année suivante. Depuis Il est invité régulièrement à diriger une trentaine de formations européennes, ensembles , orchestres , choeurs en Europe ainsi qu'en Australie et en Israel.
Un de ses premiers concerts a lieu à l'Eic lors de la création de « Transmutations » pour 16 instruments. Dans l'espace spatio-temporel ou « la prévisibilité demeure possible » à l'audition, la musique se déploie jusqu'à sembler épuiser les combinaisons possibles.
Conscient qu'utiliser les instruments traditionnels engendre le danger de la connotation, Denis Cohen aime à « subvertir » le son instrumental, avec l’électronique. . Et c'est naturellement qu'il s'intéresse à la jonction entre le piano et la 4X de l'Ircam avec Jeux (84/88).

Depuis 82, la voix se fait de plus en plus présente dans sa musique avec Cantate pour deux voix de femmes et ensemble et La Cassure des nuages. Ces pièces témoignent également de son intérêt pour la relation entre texte poétique et musique. Avec Ajax-Opéra interrompu, créé en 84 à Musica, denis Cohen fait un premier pas vers le monde de l'opéra. Si ce genre est très couru chez les compositeurs depuis la dernière décennie, Denis Cohen entend l'aborder sous conditions, après une longue histoire qui va de Monterverdi à Zimmermann; ce serait si l'on veut l'opéra « après l'opéra ». Le cycle symphonique et vocal issu de cette réflexion sur les rapports possibles entre le théâtral et le musical a été initié en 1986. Il comprend des pièces purement orchestrales Close Islands (86), Etude pour le poème (87) . Sprache est écrit pour 4 chanteurs porteurs de textes en cinq langues, un récitant et orchestre. C'est un « tableau imaginaire » ou sont exposés, spatialisés « les paradigmes de personnages opératiques portés à la scène comme des images ». A cette trilogie succède une pentalogie dans laquelle l'orchestre rejoint la fosse, et chaque opéra de ce cycle en gestation « examine » un paradigme national lié à chacune des cinq langues de Sprache.
Parmi les pièces plus récentes figurent Il sogno di Dedalo (91) pour 16 instruments, d'une écriture plus décantée , ainsi que A’ Dante pour deux voix de femmes, deux clarinettes (91) et Les neuf cercles d'Alighieri (92) pour soprano et orchestre, ces deux pièces prenant comme base le début du chant III de l'Enfer de Dante.

Michel Rigoni